"Etre cool" n'est pas une attitude skybloggique.
Lui, il faisait le Poltergeist et nous, on faisait des bruits bizarres, on gueulait « Hoooo » comme des fantômes ... Iggy Pop, I need more
La référence à Iggy Pop surprendra certainement mes fidèles visiteurs. On s'imagine souvent que les personnes d'une intelligence supérieure comme la mienne sont nées avec un à deux (voire trois) balais dans l'anus... On s'imagine souvent qu'être cool, c'est surtout ramener l'ensemble de la pensée humaine aux simples idées de base (je nomme "pensée" une action de l'intellect sur les idées, une mise en rapport entre celles-ci et non la simple énonciation d'idées toutes faites; la pensée est un TRAVAIL). Pour moi, être cool, c'est adopter une certaine disposition ludique, être capable de jouer avec les concepts et les attitudes... Un dandy est un intellectuel cool, et je me compare bien au dandy ainsi défini. Par contre, on peut dire de celui qui fige les concepts qu'il a un balai dans l'anus. Tout comme celui pour qui le summum du génie est de posséder des godasses Nike. "Ceci est une pomme": Magritte, au contraire, joue sur l'attitude figée des nominalistes et des idéalistes, et pour lui, « Ceci » n'est pas une pomme (ni même une pipe). A l'inverse, Hegel, dans « La Phénoménologie de l'Esprit », se laisse tellement prendre par le caractère statique du langage qu'il croit pouvoir dénoncer le mensonge du réel pour mettre en avant la vérité du Concept. Feuerbach, Marx et Stirner auront tôt fait de trouver la bonne réplique... avec toute l'ironie qui caractérise ces deux derniers. Et l'ironie, tout justement, m'apparaît comme une des pratiques les plus cools de l'humour...
Je remarque chez beaucoup de jeunes une certaine absence de ludisme intellectuel. Pour la plupart, les mots sont des choses et des actes et non des signifiants qui creusent la distance nécessaire entre eux et ce qu'ils représentent... nécessaire, disais-je, pour pouvoir en jouer. Etre cool, c'est avoir un espace d'aération, avoir du recul pour mieux appréhender le réel, c'est-à-dire pouvoir le dégager du symbolique ; être cool, c'est pouvoir respirer ! Pouvoir saisir la plaisanterie comme un décalage entre ce qui est et ce qui se manifeste. La disparition de rdb, les menaces de métisse13500 par rapport à p8d, la politique de cybercop, le sérieux lourd et grotesque de certaines poésies bloggiques (souvent stars), la fusion entre Gr3enfly et sa propre image sont comme une preuve de l'impossibilité pour les jeunes d'être cools, comme pouvait l'être Arthur Fonzarelli. Dorantine, dont je conseille vivement le blog, fait figure d'exception dans ce petit monde de jeunes constipés... et si cet article n'est pas tant un hommage à Iggy Pop, dont j'apprécie l'humour et l'œuvre qui ont su concilier expression corporelle et manifestation intellectuelle, il est une recommandation à aller rendre visite au pays de Dorantine.
Pour information, le livre de Iggy Pop, autobiographie bordélique et hilarante, est publié aux éditions « Le Serpent à Plumes » en format de poche.